Etape 12 : Site de la vigne communale

 

14- La vigne et le vin  

 
Si aujourd’hui le nombre d’exploitations a beaucoup diminué et que seulement deux sont encore en activité à Saint-Léger-les-Vignes (domaine de la Chaussérie et domaine des Hautes Noëlles), la viticulture n’en reste pas moins profondément ancrée dans l’ADN de la commune.(Pour preuve, quand l’administration des Postes au début du 20e siècle demande aux quelques 70 communes de France comportant le nom de Saint-Léger de se distinguer, c’est tout naturellement que Saint-Léger devint en 1924 officiellement Saint-Léger-les-Vignes). Il suffit également d’observer le blason de la commune orné d’une grappe d’or feuillée, pour constater l’omniprésence de la vigne dans le patrimoine Légérien.
 
Rapide historique de la vigne à Saint-Léger
La culture de la vigne apparaît en Gaule dès l’Antiquité : à cette époque notre Sud-Loire était habité par le peuple des Pictons. En parlant d’eux Cicéron, penseur et homme politique romain né en 106 avant JC, déclarait :« Ils consommaient beaucoup de vin et croiraient s’empoisonner en y ajoutant de l’eau ».
Dès les 6e et 7e siècles les moines de Saint Hermeland élevèrent des vignes à Saint-Léger. Trois zones ont été choisies : le Fief Rogé, le Bourg et la Maugendrie. La réputation et la qualité de ces vins dépassa rapidement les frontières de la commune puisqu’en 1180, ils furent choisis pour fournir l’abbaye de Buzay (Rouans), puis en 1216 l’abbaye de Villeneuve (les Sorinières) et finalement l’ensemble des abbayes de la région. Les Ducs de Bretagne n’y étaient pas insensibles puisqu’ils s’arrêtaient, durant leurs voyages, au château du Bois Guignardais (à l’époque le Bois Benoît) pour y déguster un « petit vin ».
 
Entre le 12ème et le 17ème siècle, la culture se développe avec notamment des cépages rouges venant de Bourgogne. Le commerce avec l’étranger s’effectue à partir de Nantes où arrivaient les gabares en provenance de la Sèvre, de la Maine, de la Divatte et de la Loire. L’identité propre du vignoble local se précise : le Gros Plant ou Folle Blanche, cépage venu du sud-ouest est fort apprécié des commerçants Hollandais très présents à Nantes à cette époque. Le Muscadet, issu du cépage Melon de Bourgogne, s’exportait également très bien et principalement sous forme d’eau-de-vie.
Pourtant aux 18e et 19e siècles, le vignoble connaît une succession d’aléas. En 1709, une gelée exceptionnelle (la température descendit à -30°C) détruisit la majeure partie du vignoble. En 1825, les vignes sont atteintes par l’oïdium. En 1891 Saint-Léger est touché par le phylloxéra, maladie portée par un puceron, qui détruira la plus grande partie du vignoble. Il faudra pratiquement 10 ans pour en venir à bout. Toutefois, la grande implication des vignerons Légériens, guidés par Michel du Chatelier lors de ces  ravages, a permis de considérer la maladie enrayée dès 1900 à Saint-Léger. (Alors qu’elle semblait encore très active pour le reste du département).
 
A qui appartenaient les vignes et qui étaient les travailleurs de la vigne ?
A l’origine, les vignes, comme la majorité des terres agricoles, appartiennent aux seigneurs ou aux moines. Au fil des siècles les propriétaires se diversifient et pour l’exploitation font généralement appel aux « closiers » et aux « marriers ».
Les « closiers » étaient logés sur une vigne dont ils devaient assurer la garde, l’entretien et l’exploitation. Leur situation s’est perpétrée jusqu’au début du 20e siècle. Ils recevaient un salaire pour entretenir une vigne d’une surface d’au moins 3 hectares.
Les marriers étaient des ouvriers agricoles qui tirent leur nom de leur principal outil de travail : la « marre » (bêche du vigneron).
A la fin du 13e siècle, les propriétaires instaurèrent une réglementation sur les heures de travail, allant du lever au coucher du soleil. Les marriers mécontents car ils ne pouvaient pas travailler leurs propres vignes prirent l’habitude de frapper sur leur marre avec une pierre pour s’avertir mutuellement que l’heure était venue de quitter tous ensemble leur tâche, provoquant ainsi un grand …tintamarre ! Ainsi, le mot « Tintamarre » viendrait du bruit de la pierre sur la marre.
Pour conclure ce bref historique, trois constats s’imposent, qui ont largement impactés le développement du vignoble :
-         L’influence primordiale des gens d’église dans la création et la multiplication des vignobles.
-         Les intérêts des grands propriétaires se traduisant par des règlements souvent coercitifs.
-         Les vicissitudes rencontrées par les vignerons face aux différentes maladies et aux aléas climatiques subis par le vignoble au fil du temps.

La place du vignoble légérien dans un passé récent :

En 1826, la vigne occupe une surface plantée de 183 ha soit près de 30% du territoire, et Saint-Léger compte de nombreuses exploitations. Entre 1826 et 1930, la surface plantée diminue à 169 ha, baisse que l’on peut attribuer aux méfaits du phylloxéra : en effet après ce fléau, un grand nombre d’exploitants n’ont pas continué la culture de leur vigne, probablement les vignes familiales.
En 1950, la commune compte encore 170 ha de surface plantée et 27 exploitants. Si la surface du vignoble reste assez stable jusque dans les années 90, le nombre d’exploitants chute, à la suite des départs en retraite notamment et l’absence de repreneurs. De 12 exploitants en 1989, 5 en 2012, seules 2 exploitations subsistent sur le site de la commune, quelques surfaces étant exploitées par des vignerons des communes voisines, la surface plantée en vigne n’excède pas aujourd’hui les 70 hectares. (154 Ha en 2019)
 
Du vignoble à la production viticole
La production viticole reste la première production agricole de la commune et nécessite un savoir-faire unique. En effet, la vigne étant une plante au cycle végétatif annuel, la production du vin demande une présence tout au long de l’année.
Tout commence par la plantation en mai ; après cela il faudra attendre au moins trois ans pour procéder à la première récolte ; sachant que la durée de vie moyenne d’une vigne bien entretenue est d’environ 60 ans, certaines peuvent être centenaires ! Toutefois la durée de vie des ceps a tendance à se réduire sous l’effet des arrachages successifs et surtout de l’abandon de certains traitements, ce qui favorise le développement de maladies non sensibles aux traitements autorisés.
La période hivernale de novembre à mars est consacrée à la taille : ce geste consiste à sélectionner sur le cep, un rameau ou sarment qui portera les raisins, geste essentiel, car il permet d’équilibrer le développement des ceps et surtout de réguler les rendements futurs. Vous pouvez facilement imaginer la tâche quand vous avez un vignoble de Muscadet qui compte jusqu’à 7200 pieds à l’hectare, ce travail s’effectuant manuellement à l’aide d’un sécateur ! (Maintenant électrique)
Au printemps, alors que la végétation démarre, que les bourgeons apparaissent sur les charpentières, que de nouveaux rameaux se développent, que les feuilles s’épanouissent avec la floraison au mois de juin, c’est une période intense pour le vigneron car il faut labourer pour éviter la prolifération des mauvaises herbes et traiter la vigne contre les maladies (mildiou et oïdium) avec du sulfate de cuivre et du soufre.
A noter que pour obtenir la certification bio il faudra notamment proscrire les produits chimiques de synthèse (engrais et traitements) et attendre à minima 3 ans pour obtenir le précieux sésame.
Quand vient l’été, si le ciel est clément, les fleurs donneront des raisins qui vont lentement mûrir, c’est la période de l’écimage, le vigneron coupera le bout des pampres qui auront trop poussé afin de favoriser le mûrissement des raisins.
C’est seulement à la fin de l’été, selon les cépages, les climats et les années, que se feront les vendanges, généralement en septembre.
Les raisins sont alors transportés de la vigne vers le chai ; ils seront tassés dans un pressoir pour obtenir le jus (pressurage). Ensuite viendra la fermentation qui transformera le sucre en alcool ; enfin viendront les périodes de décantation (clarification) et d’élevage. Alors le vin se reposera en citernes, fûts, amphores… jusqu’au printemps : la mise en bouteilles des vins blancs ayant lieu généralement en avril.
Chaque cycle annuel représente un millésime, soit l’année de la récolte.
 

Les vins

 
Le Muscadet reste le vin emblématique de notre commune, il est AOC depuis 1937.L’appellation « Muscadet-Côtes-de-Grandlieu » est définie par un décret du 29 décembre 1994 : il ne peut être récolté que sur 19 communes incluant Saint-Léger-les-Vignes et sur deux communes  de Vendée, à savoir Rocheservière et Saint-Philbert-de-Bouaine ».
Le Gros Plant, cépage originaire du Sud-Ouest (région de l’Armagnac), connaît un regain d’intérêt ces dernières années.
Si le vin blanc continue de faire la réputation de la région, Saint-Léger-les-Vignes propose aujourd’hui une grande diversité de production, en blancs, rosés et rouges. Vins tranquilles ou effervescents !
Pour ne citer que les principaux :
En blanc, le Muscadet, le Gros Plant, le Chardonnay, le Sauvignon…
En rosé, le Groleau ou Grosleau, le Cabernet rosé…
En rouge, le Gamay, le Merlot, le Cabernet rouge…
… sans compter sur le sens de l’innovation de nos viticulteurs sur le plan des cépages, des assemblages, des méthodes de vinification ou du vieillissement des vins.
Il ne nous reste plus maintenant qu’à passer à la dégustation… avec modération évidemment.
Après cette étape, plus aucun doute sur le fait que Saint-Léger mérite largement son nom de Saint-Léger-les-Vignes !