Etape 11 : Site de la rue de la minoterie

 

13- Les moulins

 
Ce ne sont pas moins de quatre moulins dont nous pouvons suivre la trace à Saint Léger-les-Vignes depuis près de cinq siècles, preuve de l’importance de l’activité meunière pour la commune. 
Commençons par la Chaussérie, plus précisément rue de la Minoterie, là où se préparait les farines qui étaient livrées aux boulangers.
 
Le moulin du Fief Rogé (aujourd’hui disparu) situé en bordure de la route entre Bouaye et Brains fut construit au début du 17e siècle. 
Durant deux siècles et demi, il a beaucoup tourné et a souvent changé de propriétaires en fonction des évolutions techniques et d’un incendie.
Plusieurs familles dont les noms se retrouvent encore dans la région s’y sont succédé :
- les Archambault, père et fils en 1740, qualifiés de meuniers, fariniers, marchands.
- les Rousseau, venus de la Garnache vers 1763.
- les Gouy et leur descendance vers 1785. Le dernier fils l’exploite jusqu’en 1843 et le cède à Julien Prin en 1865.
- les Prin, grand père, père, fils, tous Julien, tous meuniers vont s’y succéder. Le père ne se contente pas de moudre le grain mais négocie aussi la vente de la farine.
Malheureusement, en 1909 la foudre va détruire totalement le moulin. En 1910, Julien Prin va le reconstruire sans ailes et sans tour pour en faire une minoterie à moteur.
Pendant la guerre de 1914-1918 le moulin tourne jour et nuit et un four de boulanger est construit à côté ; il va nourrir Brains, Bouguenais, Bouaye et Saint-Léger ! A chaque fournée on sort 60 pains de 6 livres !
Julien Prin secondé par son fils dès ses 15 ans (celui-ci conduisait à cet âge la camionnette de la minoterie avec une autorisation de la préfecture) va poursuivre son activité jusqu’en 1936, puis va l’arrêter du fait de la concurrence des minoteries industrielles. Julien, le fils, devient alors négociant en grains.
 
La minoterie a aujourd’hui laissé la place à des maisons individuelles.
 
Le Moulin Cassé, (aujourd’hui disparu) au lieu-dit « le Moulin Cassé »
On trouve dès 1736 cette dénomination dans les registres paroissiaux au fil de 14 actes de baptêmes précisant qu’un enfant est né soit au « hameau du Moulin-Cassé », soit à la « métairie du Moulin-Cassé ».
La plus ancienne famille dont on retrouve trace est la famille Bouyer qui s’y est installée entre 1710 et 1715. Le nom est d’abord la Métairie du Moulin puis quelques années plus tard la Métairie du Moulin Cassé. A nous d’imaginer qu’entre-temps le moulin a eu des malheurs et une destruction partielle. A la Révolution, les troupes républicaines arrêtent Julien Gouy au Moulin Cassé et le fusillent.
 
Le Haut-Moulin est le plus connu puisqu’il est devenu la mairie de Saint-Léger-les-Vignes.
 
Les bâtisseurs du moulin sont Pierre Laheu et Jean-Marie Brechet, son beau-fils, qui avaient acheté le terrain en 1830 en raison «de sa bonne exposition aux vents et dans le but d’y construire un moulin ».
En 1833 le moulin fonctionne. Il est dénommé « les Hauts Moulins ». Mais Pierre rêve d’aventures. Il vend à Jean-Marie et part à Caracas.
Après divers changements de propriétaires et agrandissements, Jean-Marie Prin et son fils Jean-Baptiste moderniseront l’installation qui ne fonctionnera plus « aux ailes » mais, après avoir été rehaussé, accueillera des machines à vapeur en 1909. Les machines à cylindre auront besoin de 75 kg d’anthracite pour tourner 15 heures par jour…adieu les ailes !
En 1913, Jean-Baptiste poursuit l’exploitation de son père décédé, mais la guerre de 1914 -1918 le mobilise durant 5 ans, et le moulin cesse son activité jusqu’à la fin de la guerre.
En 1925 il cesse complètement de fonctionner, car les grandes minoteries dominent le marché. Le Haut Moulin a perdu ses ailes, sa toiture et, très vite, sa charpente.
C’est la fille de Jean Baptiste, Émilienne qui devient propriétaire. Veuve et sans enfant, elle transmettra ses biens à la fondation des Orphelins Apprentis d’Auteuil. Finalement ce sont monsieur et madame Fruneau qui le revendent à la commune de Saint-Léger-les-Vignes le 27 mai 1999 pour la somme de 450 000 Francs.
 
Le Moulin du Bourg ou Moulin Brûlé est situé à la sortie du bourg route de Pornic.
 
Ce fut certainement le plus ancien moulin de Saint-Léger. Il était situé, plus haut dans le bourg, sur une parcelle déjà appelée le « Grand Moulin ».
Si, dès 1577, il y a mention d’un moulin dans ce secteur (Ouche du Moulin), on n’en trouve le propriétaire qu’en 1794. C’est Jacques Leroux, maître farinier, père de 9 enfants ; qui sera emmené et fusillé par la troupe révolutionnaire et son moulin sera brûlé.
Les enfants ne pouvant se mettre d’accord pour le reconstruire, il est racheté « avec son cerne *» par Pierre Debec qui le reconstruit en 1810 et le donne en fermage à Jacques Colin, meunier.
Suivront deux boulangers de Nantes, puis, vers 1864, la famille Averty qui y ajoutera des ailes Berton* ; enfin, au début du 20e siècle, il lui fut ajouté un bâtiment avec un moteur à gaz et une bluterie*.
Le 20 juin 1930, le Moulin du Bourg est détruit par un incendie sous les yeux du meunier Eugène Bertaud et de sa femme, impuissants devant le désastre. Il redevient le Moulin Brûlé.
Il reste quantité d’anciens moulins dans les alentours de notre commune, à Port- Saint-Père, Saint Aignan, Brains, Sainte-Pazanne...
Les moulins font partie de notre histoire et nous en apprennent beaucoup sur les changements du monde, la manière de se nourrir, l’évolution des modes de travail.
 
*Le Cerne est l’entourage pavé situé autour d’un moulin.
*Les ailes Berton sont des ailes dont la toile a été remplacée par des planchettes perpendiculaires aux ailes du moulin.
*La Bluterie est un tamis tronconique horizontal permettant de trier la farine pour en séparer les éléments les plus grossiers.